La mi-février est la bonne période pour produire la rhubarbe forcée. Forcer ? C’est, à vrai dire, quelque chose de tout à fait étrange … Pourquoi forcer quelque chose qui de toute façon se produira ? Ça ne peut pas nous échapper … nous l’aurons d’une façon ou d’une autre … C’est précisément ce décalage qui est plaisant, la différence par rapport à la norme, le sentiment de profiter du printemps plus tôt que les autres. Et comme déjà dit, dans le règne végétal, la rhubarbe est en quelque sorte l’incarnation même du printemps. Vu sous cet angle, produire une rhubarbe forcée (le forçage de la rhubarbe) prend tout son sens : invitez à l’avance le printemps dans votre jardin et à votre table en plantant de la rhubarbe ! Vous pouvez acheter des plants de rhubarbe adéquats sur notre boutique en ligne et commencer tout de suite à la cultiver. Le printemps passe aussi par l’estomac. D'ailleurs en Angleterre on produit aussi la rhubarbe forcée à grande échelle.
Voici comment bien faire la rhubarbe forcée :
- Choisissez un plant robuste. Il doit être depuis au moins 2 ans dans votre jardin et avoir formé un rhizome de taille appropriée. Car lorsqu’elle est forcée, la plante doit pour ainsi dire produire des tiges depuis ses propres réserves. Le forçage débute non seulement par conditions hivernales encore sévères, mais consiste de plus à supprimer toute source de lumière à la plante …, mais nous y reviendrons ultérieurement.
- Les variétés adaptées sont : Early Green (car très précoce et à tiges très épaisses) ; Livingstone, la plus rapide des rhubarbes à sortir de la dormance hivernale et qui à vrai dire ne connait quasiment pas de pause dans les régions tempérées. Je ne sais pas encore si la variété Siruparber est également adaptée, nous ne l’avons pas encore testée, mais il est surtout intéressant de voir si le forçage lui donnera sa couleur rouge sombre.
- Bien sûr, il est également possible comme pour les autres légumes de poser sur la rhubarbe un voile de forçage en février, voire un petit tunnel en plastique. Mais ceci n’est pas du forçage dans les règles de l’art …
- La méthode la plus connue est de renverser un seau sur la souche de rhubarbe. Les jardiniers stylés (et anglophiles) utilisent à cet effet des cloches de forçage en terre cuite, mais il est bien sûr possible d’obtenir le même effet avec un bac opaque, noir d’au moins 50 cm de hauteur. Attention : n’oubliez pas de lester les bacs un peu légers avec des pierres, pour qu’ils n’atterrissent pas chez le voisin à la prochaine tempête hivernale.
- Le bac peut être installé dès la mi- ou la fin février. Dans ce microclimat sombre, mais très doux et humide, la rhubarbe commence à former très vite (en puisant dans ses réserves) des tiges très fines, d’un rose merveilleux, pouvant être déjà récoltées au bout de 6 à 8 semaines environ. J’ai dit de couleur rose ? Croyez-moi, le terme est bien trop faible et amoindri : les tiges sont plus roses que roses et vraiment magnifiques et fines : J’ai déjà eu des scrupules à transformer de telles tiges aussi belles, car j’avais peur de détruire leur beauté …
- Après la récolte, ôtez le bac pour permettre à la rhubarbe de redémarrer et former ainsi des feuilles vertes, c’est-à-dire former sa surface d’assimilation. Dès lors, elle ne doit plus être récoltée pendant au moins 1 mois.
- Retarder la rhubarbe : oui, l’inverse marche aussi ! Vous avez bien trop de pieds de rhubarbe et vous ne souhaitez pas tout récolter au même moment, mais décaler le démarrage de quelques-uns ? Pas de problème ! En les recouvrant d’un matériau isolant (paille, feuillage, lesté de branches), le redémarrage peut être facilement reporté de 2 à 4 semaines. Conseil : déposez cette couche isolante lorsque le sol est fortement gelé. Elle permet de conserver plus longtemps ce gel dans le sol, ce qui favorise le décalage.